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FLOWER DEMO

On ne se tait plus. On ne veut plus que notre silence soit interprété comme si ce n’était jamais arrivé.

Le 12 mars 2019, au Tribunal de première instance de Fukuoka

Un verdict d’acquittement est rendu, déclarant que l’accusé avait compris par méprise que la victime était consentante, alors que le juge a admis que la victime se trouvait dans une situation où, par ivresse, elle ne pouvait pas réagir contre l’accusé. L’accusé prétendait que la victime n’avait pas exprimé explicitement de refus, et qu’il pensait que cette soirée entre membres d’un club était une occasion facile pour avoir un rapport sexuel.

Le 19 mars 2019, au Tribunal de première instance de Shizuoka

Un verdict d’acquittement est rendu à l’accusé d’un viol entraînant des blessures.

Le juge a admis que la victime avait subi des actes violents de la part de l’accusé, mais a attribué l’impossibilité de la victime à résister à son état mental. Le juge a déclaré : « Il n’y a pas eu de résistance explicite aux yeux de l’accusé ».

Le 26 mars 2019, au Tribunal de première instance de Nagoya

Un verdict d’acquittement est rendu à l’accusé d’abus sexuels sur sa fille depuis qu’elle avait 14 ans. Alors que l’inceste aurait eu lieu pendant de nombreuses années, seuls deux cas particuliers étaient classés pour poursuite. Alors que le juge a reconnu l’existence d’abus sexuels du père sur sa fille, le tribunal a déclaré que la victime « aurait pu y résister », en citant un des deux cas, survenu deux ans auparavant, où elle était montée dans la voiture de l’accusé allant dans un hôtel, où elle se serait déshabillée de son propre chef.

Le 28 mars 2019, au Tribunal de première instance de Shizuoka

Un verdict d’acquittement est rendu à l’accusé de viols sur sa fille pendant 2 ans, trois fois par semaine, alors qu’elle avait 12 ans. Le juge a déclaré que le témoignage de la victime n’était pas crédible car la maison était trop petite pour ne pas se faire entendre par les autres membres de la famille. L’accusé a essuyé une amende de 800 euros pour les objets saisis à son domicile, qui dérogent à la loi relative à la répression des activités liées à la prostitution des mineurs et à la pornographie des enfants, ainsi qu’à la protection des mineurs.

Le 12 mars 2019

Un certain nombre d’avocats ont ricané des demandes de mise en place d’une formation sur le genre pour les juges, demandes faites par des citoyennes suite au verdict d’acquittement au tribunal de première instance de Fukuoka. Contre ce genre d’opinions qui voudraient « calmer » les voix et les revendications, nous nous sommes réuni.e.s à Tokyo le 11 avril pour exprimer l’effarements, la colères et l’interrogations.

Après les verdicts d’acquittement rendus en mars 2019 dans des affaires de violences sexuelles, nous avons appelé à nous rassembler pour dénoncer l’injustice devant la gare de Tokyo en portant chacun.e une ou des fleurs.

Le 11 avril, un soir printanier bien froid, plus de 500 femmes se sont rassemblées. Quelque chose qu’on n’imaginait pas s’est alors produit. Quand les paroles prévues ont terminé, personne n’a quitté le lieu, et chacune a pris la parole, l’une après l’autre… C’était comme si on ouvrait le couvercle qui empêchait de faire sortir l’histoire de nos peines. La plupart des histoires concernaient les violences sexuelles subies. On ne peut pas changer nos passés en prenant la parole maintenant. Mais, pour qu’on ne les délaisse pas comme si de rien n’était, pour que cela ne se reproduise plus, nous avons commencé à prendre la parole sur nos douleurs du passé afin de changer l’avenir.

Cette nuit-là était le début.

Le mois suivant, les voix se rassemblèrent à Fukuoka et à Osaka et, en juin, à Nagoya et à Sendai. Nos voix ont pris de l’élan et, en janvier 2020, Flower Demo (« Manif’ des fleurs ») s’est étendue jusqu’à 33 départements japonais (parmi les 47).

On disait qu’au Japon le mouvement #Metoo ne commençait pas. Certains disaient qu’il manquait de force des femmes japonaises. Pourtant, les voix dans la mobilisation #Metoo ne peuvent s’élever quand personne n’est à l’écoute ou ne les croit. C’est pourquoi nous avons commencé cette manifestation en portant une ou des fleurs ayant pour symbole d’exprimer que l’on te croit et que l’on est à ton côté : #Withyou (avec toi).

La mobilisation #Metoo continue à s’étendre à travers Flower Demo. Le mouvement #Metoo a montré que ce n’était pas les victimes qui s’abstenaient de parler, mais que c’était la société qui ne les laissait pas parler. Depuis longtemps, la société a tendance à mettre l’agresseur et la victime côte à côte sur le même plateau pour juger lequel a menti ; cela a toujours empêché les voix des victimes d’être entendues.

Flower Demo se tient dans les métropoles, les villes où vivent les participant.e.s . Les violences sexuelles se produisent dans nos vies quotidiennes et menacent cet environnement où chacun.e devrait pouvoir se sentir en sécurité. Aujourd’hui, combien d’enfants sont désespérés ? Combien de personnes passent leurs nuits, la peur au ventre, le dépit les faisant se taire ? Combien de victimes sont réduites au silence et combien d’agresseurs mènent une vie tranquille comme si de rien n’était ? Ce n’est pas nous qui devons nous taire. Les agresseurs doivent payer. Les rapports sexuels sans consentement, c’est un crime. Si un père peut continuer à violer sa fille et être quand même déclaré non coupable, le code pénal doit être modifié pour protéger la victime. Les participant.e.s de Flower Demo font appel à ces revendications en exprimant leur douleur.

Quand nous avons commencé notre manifestation, des voix de la sphère juridique se moquaient des manifestant.e.s : « Manifester ne change pas grand-chose. »

Le soir du 11 avril, nous avons fait une promesse : « Changeons cette société où les victimes doivent se taire. Avec nos voix, faisons du bruit dans le débat public. »

En décembre 2019, Shiori Ito a eu gain de cause pour son procès civil. Ce verdict reconnaît non seulement sa lutte mais également celles de toutes les victimes de violences sexuelles qui souffrent encore aujourd’hui. Un tel verdict n’aurait pas été rendu il y a un an. Ce cas nous montre que les voix des victimes de violences sexuelles changent la société ; ce qui nous donne des espoirs. Il n’est pas inutile de prendre la parole. On peut secouer la société.

Le 8 mars 2020, Flower Demo fête son premier anniversaire lors de la journée internationale des femmes. L’année 2020 sera une année importante pour résoudre les problèmes qui restent même après la modification du code pénal en 2017. Continuons de faire appel à la modification du code pénal pour mieux protéger les victimes. Pour un monde sans violences sexuelles.

Minori Kitahara (initiatrice de Flower Demo)

(Pour nous contacter : koe@flowerdemo.org )

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